Les 4 membres de The MOPS (pour ceux qui ont fait LV1 espagnol, ça veut dire « les serpillères ») prennent la route pour un concert à Albi. François les accompagne, il retrace l’histoire de ce groupe de rock qui a marqué le milieu de la musique alternative dans les années 2000.
Entre galères financières et coups de génie musicaux, on suit les péripéties de Marc, Oriane, Philippe et Stéphanie, dont les aspirations musicales se heurtent aux comptoirs de l’ANPE et aux cachets qui remboursent à peine l’essence. Les moments de grâce d’une répète qui accouche d’un nouveau tube succèdent aux engueulades sur la frontière entre musique exigeante et élitiste, populaire et mercantile. Vivre de ou pour sa passion ? Nos héros ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde, sauf sur scène, où leur générosité est contagieuse.
En prenant à rebours le genre du biopic musical, Otto T. et Daniel Selig nous épargnent le récit d’une énième success story. Les deux auteurs puisent dans leurs expériences personnelles de la scène alternative pour porter un regard quasiment sociologique sur ce milieu bouillonnant de passion et de liberté. Ils ne nous racontent pas la fabrique des stars de demain, mais le quotidien de toutes celles et ceux qui inventent de nouvelles formes et redéfinissent les limites de la création sans forcément gagner au loto du succès commercial.
Le trait vif et jeté d’Otto T. s’épanouit en empruntant les hachures et les masses de noir et blanc de l’esthétique fanzine pour retranscrire l’énergie de la musique rock et rythmer le récit de Daniel Selig. Avec une approche intimiste et un ton faussement léger, ce dernier s’interroge sur la définition même de l’ambition artistique. Peut-on « réussir » autrement dans un monde où le succès ne se mesure qu’au nombre de ventes ?
« Un temps de retard, deux temps d’avance » pourrait être la devise de The MOPS, un groupe certes fictif, mais dont l’histoire montre sans angélisme ni pathétique ce que peut être la vie d’artiste à notre époque.