Documentaire en roman-photo sur Aster, jeune homme de 20 ans doté d’un excellent niveau d’escalade. L’été, il grimpe dans les Alpes avec ses potes, ouvre et équipe des voies, se sent héritier des grimpeurs plus âgés. Mais la problématique de la nouvelle génération est bien différente : il faut prendre en compte le dérèglement climatique, qui fait s’écrouler les montagnes et rend la pratique de l’escalade au dessus de 3000 mètres quasi impossible d’ici vingt ans.
Aster fait des études d’art à Eindhoven, aux Pays-Bas, un des deux pays au monde avec une capitale qui possède une altitude négative. Il se demande un peu ce qu’il fait là, quand lui vient l’idée saugrenue de faire de l’escalade à plat, directement au sol…
Renverser la perspective pour trouver sa voie, est-ce la solution dans un monde qui s’effondre ?
C’est un désastre ! Depuis qu’une météorite s’est écrasée dans la forêt, des dizaines de personnes abandonnent leur travail pour se consacrer à la création artistique. Aucun secteur professionnel n’est épargné : le virus de l’art se répand comme une traînée de poudre. Convaincue que des cellules extraterrestres infiltrées dans le cerveau des humains sont la cause de cette vague de démissions, Amélie mène l’enquête.
— Enfin Ype, l’avion est le moyen de transport le plus sûr de nos jours ! Les gens meurent plus en tombant dans les escaliers qu’en prenant l’avion ! Même la voiture est plus dangereuse. T’as plus de chance de mourir en allant à l’aéroport que pendant ton vol. — Je ne vois pas bien en quoi c’est censé me rassurer. — De toutes façons, si tu as peur de prendre l’avion, tu devrais aussi avoir peur de faire du vélo. — Mais j’ai peur de faire du vélo ! C’est pas ça le problème. — Ben alors c’est quoi ? — C’est à cause d’un truc calvinisto-karmique. Si je prends l’avion pour des vacances où je vais enfin pouvoir glander, je suis tétanisé à l’idée que le destin puisse me punir. Genre : « Tu crois vraiment que tu peux en profiter ? TIENS, UN CRASH D’AVION ! »
Il devait être quatre ou cinq heures du matin, et moi j’étais réveillé. C’est curieux parce qu’à cette heure-là, les enfants étaient couchés normalement.
Je ne sais pas pourquoi, mais je me vois dans la cuisine et ma mère arrive en me disant : « Mais qu’est-ce que tu fais là ? » Et puis on entendait des bruits, des bruits sourds, très loin. C’étaient les cuirassés qui bombardaient les blockhaus sur la côte.
Après Pauline à Paris, Benoit Vidal confronte les souvenirs de sa grand-mère et de son père aux sources historiques pour reconstituer son 6 juin 1944.
Un dimanche, Pauline s’habille bien… Et en plus elle était plutôt mignonne, bien entendu. Le premier jour qu’elle va au bal, toutes les petites bonnes dansaient et elle, elle était comme une pauvre bestiole, là, elle connaissait personne.
Et puis tout d’un coup, il y a un beau garçon… Il était maître d’armes, il donnait des leçons d’escrime… Un type bien planté, là, avec une belle gueule, tout jeune… Il lui demande : « Mademoiselle, voulez-vous danser ? »
— Il est temps que je retrouve ma place de Roi de la forêt. J’ai été trahi par les hommes, ils m’ont évincé. Bastards ! — Bien dit mon roudoudou d’amour ! — Les bûcheronnes ont raison, vous êtes un charlatan !
Un conte onirique en collages colorés de la plasticienne et scénographe Julie Chapallaz. Un roman-photo contemporain qui explore de nouvelles voies pour ce médium en pleine effervescence.
– Pour moi, c’est évident. Nos guides doivent devenir des Tamagotchis.
– Tu veux en faire des humains de compagnie !?
– Plutôt des explorateurs, au service de ceux qui ne peuvent plus voyager. Mais il faudrait les nourrir… les habiller… et les loger.
– Et leur regard… retransmettre la vision.
– Tu crois que c’est possible un truc pareil ?
Publication intégrale en 6 épisodes et en licence libre cc-by-nc-nd sur le site Médiapart
Revue de presse
« Contrôle des voyageurs est un roman-photo hautement critique sur la société actuelle. »
Aude Lavigne, France Culture, Les Carnets de la création
« Passionnant et inquiétant. »
Frédérique Roussel, Libération du 23/11/2019
« C’est magnifique parce que pour qu’une dystopie fonctionne, il faut qu’elle soit accréditée par du réel. […] Du réel qui vous invite dans ce que le monde d’aujourd’hui permettrait de faire. C’est ce que la photo ici, réussit formidablement à faire. Du coup vous êtes entraîné.e dans cette histoire, qui va avoir une répercussion quasiment mondiale. Contrôle des voyageurs est une belle utopie à l’envers, donc une dystopie, sur ce qui nous attend demain grâce au numérique. »
Thierry Bellefroid, La Première – RTBF (Belgique)
« On est pris par le rythme, par la construction, par l’histoire. C’est très fluide. […] On plonge dans certaines de ces photos. […] C’est étonnant »
Thomas Baumgartner, Radio Nova, Nova Club
« Dans ce roman-photo, Xavier Courteix montre comment l’appétit de pouvoir et le mercantilisme peuvent investir et détourner toute création. À la manière d’un Georges Orwell contemporain, il expose bien comment la publicité et la propagande peuvent retourner des valeurs en leur contraire. Le cauchemar chatoyant qui est développé ici est évidemment très proche de notre réalité, faite de dépendances aux écrans, de vie par procuration, de peur du monde extérieur. Alors, demain serons-nous VISITEUR (taper 1) ou DOBLE (taper 2) ? »
Vladimir Lecointre, Zoo
« Avec Contrôle des voyageurs, Xavier Courteix fait preuve d’une maîtrise impressionnante de cette forme narrative, racontant une histoire originale et surprenante, divertissante sur le plan visuel, porteuse d’un regard enrichissant sur plusieurs questions sociétales. »
Subitement, une crise de maturisme aigu frappe les bébés. Ils se mettent à parler, commandent des pizzas, surfent sur internet et tentent même de sauver le monde.
Bloody Mary est une plongée dans le cerveau reptilien des années 80. La banlieue, les connards de toutes espèces, les gosses qui zonent, le flipper. Bloody Mary est une critique féroce du système, de la police et de l’armée, de la colonisation, de l’emmerdement avec un grand Merde, celui qui donne des envies de meurtre. Bloody Mary, personne n’a refait ça depuis. C’est un livre moderne, pas récupérable, pas digéré. Dans une époque où l’on croule sous les succédanées et les resucées, ça fait du bien par où ça passe.
– Ça veut dire quelque chose Ky Duyen ?
– Oui, ça veut dire « Heureuse Coïncidence ».
– Et Fondamente, ça veut dire quelque chose ?
– C’est le nom d’une ville. Des ouvriers y ont fait sauter une usine de lotus de 3e génération, mes parents m’ont appelée comme ça en l’honneur des ouvriers.
– Mmm… Et toi, tu fais sauter les usines ?
– Non, moi je suis bouddhiste. Mais c’est vrai que le lotus, c’est dégueulasse.
Dans un monde où les manipulations génétiques produisent des humains de quatrième génération qui se changent en mousse de vaisselle à la moindre égratignure, Ky Duyen, championne de Vovinam Viet Vo Dao, débarque en Avrupa à la recherche d’un père qu’elle ne connaît pas. À quoi sert le Syndicat des algues brunes dont il est le président ? Les escargots sont-ils aussi dangereux qu’ils en ont l’air ? Qui sont ces mystérieux hommes poilus ?
Alors qu’il a publié plusieurs roman-photos dans des revues, et qu’il a co-fondé les éditions FLBLB en 2002, Grégory Jarry sort son premier roman-photo, L’Os du gigot, en 2004 aux éditions Ego comme X, spécialisées dans l’autobiographie. Pour ce livre, il rassemble quelques roman-photos de voyages, et en tourne de nombreux autres avec ses acteurs fétiches – rendus complice d’histoires qu’ils incarnent parfois malgré eux. On y retrouve ses sujets de prédilection : le dépaysement, la violence de la guerre, le poids des traditions (et leur sens perdu), la petite histoire dans la grande.
Il y a aussi tout ce qui fait le sel de son écriture : la mise en scène, l’ironie des dialogues et des situations, mais aussi l’improvisation et la dose d’affabulation nécessaire à toute bonne histoire.
Ceci est une déclaration de guerre. On préfère vous prévenir tout de suite : on va tout faire péter. Nos revendications sont simples : on veut le pouvoir mondial. Demain, tous les dirigeants de la planète doivent poster leur lettre de démission sur Facebook avant minuit. Sinon, nous déclencherons un tsunami électronique qui fera des millions de morts.
Alors qu’a priori rien ne le prédisposait à une telle malédiction, le roman-photo se trouve dans une impasse. On aurait pu penser le terreau favorable : grand pays de bande dessinée, grand pays du cinéma, la France aurait pu être grand pays de roman-photo. Pourquoi ce rendez-vous manqué ?
Extrait :
Dans une société où la surproduction est une branche fragile à laquelle l’industrie s’accroche pour ne pas voir le vide sous ses pieds, la frange artistique se trouve ensevelie sous l’avalanche des produits de divertissement : si les dictatures brûlent les livres, nos démocraties les noient.1Cette situation n’est pas réjouissante, bien sûr, et les oiseaux de mauvais augure auront tôt fait de dire que l’emballement dans lequel se trouve l’industrie va probablement aboutir à son effondrement. Pourtant, pour détestable que soit ce système, on peut tout de même déplorer que le roman-photo en soit exclu. Toutes générations confondues, on n’arrive pas à dix artistes, le compte n’y est pas, les auteurs ont jeté l’éponge. Qui a envie de pratiquer un moyen d’expression noyé dans l’eau de rose ? Personne. Le roman-photo est un cas d’école : c’est à ma connaissance le seul moyen d’expression qui a été anéanti par son utilisation dévoyée au seul divertissement pur, sans autre but que de « détourner de l’essentiel », pas même un petit saupoudrage artistique ni un alibi éducatif, rien.
Il n’y a pas survécu.
L’encéphalogramme plat du roman-photo est-il synonyme de mort absolue ? Évidemment non, un moyen d’expression ne meurt pas, il attend son heure.
Yves et Guillaume forment un couple idéal. La maison est formidable, les vacances sont formidables, le climat est formidable, oui mais bon, ce serait mieux si Yves ne la ramenait pas tout le temps avec son histoire de l’art et franchement moins lourd si Guillaume n’était pas tout le temps en train de mater les autres mecs.
Yves et Guillaume forment un couple idéal. Les copains sont sympas, les parents sont sympas, la ville est sympa, oui mais bon, ce serait mieux si Yves n’était pas aussi angoissé et franchement moins lourd si Guillaume faisait un peu le ménage.
Les éditions FLBLB ont tiré du caniveau onze jeunes auteurs de bande dessinée, on leur a donné des vêtements décents, une miche de pain et pour les aider à se réinsérer, on les a obligés à réaliser des romans-photos. On pensait que ces jeunes allaient faire de la merde, mais il n’en est rien, leurs romans-photos sont pleins de vie et drôles, ce qui est un bon point, de nos jours on rit moins souvent que sous le IIIe Reich. Si vous en achetez dix exemplaires d’un coup, les jeunes sont prêts à venir faire le ménage chez vous gratuitement.
Par : Théo Calmejane, Robin Cousin, Erik Driessen, Cléry Dubourg, Fanny Grosshans, Maxime Jeune, Mickaël Jourdan, Léo Louis-Honoré, Alvaro Nofuentes, Morgane Parisi, Daniel Selig.
Dans les années 60 et 70, de nombreuses revues ont trainé le genre dans la boue, en publiant des romans-photos à deux balles pour faire du fric. Le roman-photo aujourd’hui, plus personne n’en publie à part Nous Deux, qui est devenu une chose toute vieille avec son nez refait 10 fois et qui va mourir d’une embolie. Ce qui fait qu’encore aujourd’hui, le roman-photo est un continent inexploré. Quelques voyageurs s’y sont quand même aventurés, le plus grand d’entre eux se nomme Gébé.
Ce livre rassemble les romans-photos qu’il a réalisés avec Michel Lépinay, photographe d’Hara-Kiri. Malheur à qui me dessinera des moustaches n’a pas de pacemaker, il ne s’est pas fait opérer de la hanche et les nouvelles générations d’auteurs ne la ramènent pas quand ils le croisent sur leur chemin.
A six ou sept ans, on voit bien qu’on n’est pas tous pareils. Mais encore ? Ne pas être coiffé comme les autres, parler le français à l’école et une autre langue à la maison, manger pas comme d’habitude…
Quarante enfants de six ans des écoles Pérochon et Pagnol à Poitiers ont réfléchi à ces petites différences, lors d’ateliers roman-photo animés par Grégory Jarry et Lénon, des éditions Flblb et organisés par le Centre Culturel Cap Sud.
Lorsqu’il y a une élection présidentielle en France, la petite musique se remet en marche, toujours la même, les politiques, les médias, les sondages, tout ça. Résultat : on ne sait plus pour qui voter, alors que c’est quand même important.
Pour ne pas se faire embobiner, Grégory Jarry est allé au contact des candidats, des journalistes, des sondeurs d’opinion, il a recueilli leurs témoignages et s’est fait sa petite idée. Ensuite il a voté. Et quand le président a été élu, bingo, il ne s’était pas trompé.
Le petit monde de la bande dessinée n’est qu’une vaste illusion : vos héros préférés sont en réalité pilotés par des acteurs, qui vivent dans un monde de secrétaires bornées et de salles d’attente minables. Le bonhomme au chapeau est un de ces acteurs anonymes qui intervient quotidiennement dans les Comics de super-héros, dans les bandes dessinées autobiographiques, dans les mangas et les romans-photos. Un jour le système se grippe, et la petite mécanique bien huilée dérape…
Ce numéro spécial roman-photo renouvelle le genre en mélangeant aventures, rêves, autobiographie, détournements, et prouve qu’on peut raconter de belles histoires avec de belles photos.
Au sommaire : Big Ben, Matt Broersma, Philippe Coudray, Narcisse Delcopette, Fafé, Yann Fastier, Grimm, Imius, Jean Lecointre, Lou Fife, Rémi Lucas, Nicole, Otto T, Tony Papin, Gébé.